j’ai l’impression de porter le poids du monde.

 

Je me rendais chez moi après mon travail et j’ai eu cette idée d’article. J’ai marché jusqu’au boulevard en pensant à hier, quand je me suis rendue au travail le pantalon à l’envers. Oui oui ! Le dedans en dehors là ! Pis je pensais à tous les gens qui m’avaient vu partir d’un bout à l’autre de la ville les pantalons à l’envers. Je me suis dit : ISHH je suis vraiment fatiguée ! Et surtout TDA.

Bref, je me demandais ce que les gens ont pensé de moi. « Regarde la toute croche », « regarde la conne » J’ai traversé le boulevard où toutes les voitures attendaient pour passer après la lumière pour piéton et je pensais : les gens dans les voitures doivent se dire que je suis grosse, mal habillée, décoiffée… Je n’ai pas arrêté de penser : ils doivent me trouver conne à attendre le bus assis sur le trottoir pendant 1 heure ! Il y a même des gens qui se sont moqués de moi ouvertement et des petites filles ont crié quelque chose de leur voiture en riant de moi…

C’est seulement rendu assis dans le bus que je me suis relaxée un peu. Pourtant, dans ma tête ça continuait de tourner… jeune, laide, grosse, mal attriqué…

Après une heure dans le bus j’ai enfin réagi. Et moi ? Qu’est-ce que je pensais de moi-même ?

Mes cheveux sont décoiffés, oui, parce que j’ai passé des heures avec les enfants à faire du ménage, jouer avec le chien, lire des histoires, faire à manger, préparer pour le lendemain et j’ai eu chaud !

Mes cernes sont creuses, parce que pendant 4 jours sans relâche, je me suis occupée d’un petit bonhomme de 1 an et demi aussi mignon qu’il a du caractère, mais je l’aime quand même et je porte fièrement mes cernes de bons moments passés avec lui.

Je suis grosse, oui, parce que dans ma tête, ça ne tourne pas toujours rond. J’ai besoin de beaucoup de médicaments pour ralentir le hamster qui court sans cesse dans mon petit crâne. Et ça, ce n’est pas toujours bon pour le métabolisme.

Je suis mal habillée, peut-être, mais je porte fièrement ce pantalon dans lequel j’étais serrée jusqu’à n’y a pas longtemps, cette chemise de garçon démodée et trop grande me permet de marcher aisément sans avoir envie de rentrer mon ventre parce que je me trouve grosse. Et quelques fois, j’attache les bouts du bas au niveau de mon ventre pour afficher mon diamant au nombril, les fois où je me sens bien dans ma peau.

Le vernis rose défraîchi sur mes ongles, ils datent d’il y a une semaine. Le soir où j’ai laissé ma petite chérie me peindre les ongles. Il était évident qu’elle n’avait pas fait ça souvent. Mais quel bonheur j’ai vu dans son visage quand je l’ai maquillée et qu’elle s’est enfin regardée dans le miroir et dit : wow ! Je suis une belle princesse !

J’ai le dos rond et les épaules affaissées parce que j’ai l’impression de porter le poids du monde.

Mais ça voyez-vous, c’est une partie de mon histoire. Et cette histoire me rend fière de qui je suis et de ce que je suis.

 

 

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Carolanne Bertrand