Je me sépare

Je me sépare. Voici une affirmation qui peut donner la nausée.

Lorsque nous choisissons d’entamer une relation de couple, de construire un univers où l’égalité et le bien-être règnent, jamais une séparation éventuelle est réfléchie ou programmée. Du moins, pas au début de la relation.

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On se projette à deux dans nos projets, la vie quotidienne à deux, l’achat d’une propriété ou la location d’un appartement à deux… Qui deviendra notre cocon, notre chez nous. On fait des compromis, on s’ajuste, on se découvre. On planifie la naissance d’un enfant, l’adoption d’un chien, bref, l’ensemble des décisions est pris à deux. Les compromis aussi se font à deux. Et c’est parfait.

Jusqu’à tant que l’on réalise que ces compromis nous briment. Évidemment, ce ne sera pas le cas pour tous les couples.

Certaines personnes se rencontrent jeunes, très jeunes. Début vingtaine. À ce moment de la vie, notre identité n’est pas forgée comme à 40 ou 50 ans. Souvent, ces couples forgeront leur identité ensemble et pourront filer le « parfait » amour jusqu’à l’arrivée des cheveux gris.

Pour d’autres, rendus à un certain âge, le questionnement par rapport à l’avenir et à nos désirs, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel, viendra teinter leurs pensées. Légèrement au début, puis de plus en plus fréquemment. Jusqu’à tant qu’il y ait cassure. Cassure qui se traduira par une sérieuse conversation avec sa douce moitié, ou par une rupture.

Cette rupture, je l’ai fait. Après 11 ans de vie commune et un enfant dans le décor, j’ai décidé de quitter ma vie parfaite. Cette vie tranquille et douce; un conjoint présent, une enfant en santé, un emploi stable et un entourage présent.

Cependant, plusieurs ambitions avaient été reléguées au placard. Et ce placard s’est mis à déborder, à faire beaucoup de bruit. Pourquoi avais-je autant besoin de réaliser ces rêves? Quel prix étais-je prête à payer pour les vivres?

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Le prix de ma vie calme et paisible.

Oui, j’ai de l’amour envers cet homme que j’ai connu sous toutes ses coutures. Il est le père de ma fille. Mais je me dois de me choisir. Non seulement pour m’accomplir, mais aussi pour ma fille. Lui montrer qu’être une femme, consiste également de se faire assez confiance pour être autonome et vivre selon ses passions. Surtout, réaliser ses rêves. Phrase qui semble légère, mais qui porte en elle une si grande puissance… et un peu de vertige aussi.

Lorsque l’on décide d’aller au bout de nos ambitions, il faut faire fi des commentaires et jugements de notre entourage. La logique et la rationalité voudront nous submerger par moment. C’est la voie facile. La projection des inquiétudes et des peurs de notre famille, de nos amis pourrait nous faire changer d’idée. Mais c’est notre vie. À nous de choisir et par-dessus tout de nous écouter. Personne ne le fera à notre place et nous allons vivre avec ce choix toute notre vie… Pour toujours.

À quand remonte la dernière fois? La dernière fois où vous vous êtes vraiment choisie? Vraiment écouté? Dès le jeune âge, nous avons le modèle parfait d’une famille nucléaire. Un mari, des enfants, une maison, des vacances dans le Sud, emploi stable et bien rémunéré. Cette formule, beaucoup y adhère. Et c’est correct. Seulement, les sacrifices afin de l’obtenir sont parfois contraignants. Il est normal d’effectuer des compromis en relation de couple. En fait, dans toutes relations les compromis sont de mise. Mais quand ces compromis nuisent à notre épanouissement, notre croissance personnelle, jusqu’à quel point faut-il les honorer?

Depuis aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours promis de ne pas avoir de regrets sur mon lit de mort. De mordre dans la vie et de profiter de chaque instant, de chaque expérience qu’elle avait à m’offrir. Et ma vie de famille, telle que je la connaissais, ne me permettait pas d’arriver à ce but.

S’aimer soi-même et s’écouter. Ma rupture repose sur ces mots…